N.D de la Rouvière « Cultures » 
Un souffle coopératif au village
Une demande n'en reste pas au seul besoin

Ils décident de s'assoir à la terrasse d'un café.
Le serveur est à peine arrivé jusqu'à eux, il commande : "2 cafés" !
Elle : "je voulais un chocolat" !
Lui :"Mais tu ne prends jamais de chocolat"...
Elle : "Aujourd'hui, j'ai besoin d'autre chose".

Une autre fois :
C'est son anniversaire. (à lui)
Elle trouve un cadeau qui, elle en est sûre, lui ira très bien. En plus, il avait vraiment besoin d'un nouveau t.shirt.
Il déballe, remercie poliment.
Cette attitude contenue et même héroïque ne tient pas longtemps, nous en avons tous fait l'expérience.
C'est elle qui commence : "tu as l'air déçu" !
Cette fois-ci, c'est le grand déballage :
"Ce n'est pas mon genre, ça fait trop BCBG. Et puis je déteste les marques. Quant à la couleur... c'est trop voyant" !

C'est la rentrée.
Ils (les parents) décident d'inscrire l'enfant à une activité. En y réfléchissant, leur enfant a besoin de se développer physiquement. Ils le trouvent un peu chétif : du sport lui fera le plus grand bien. De même qu'une activité culturelle... Il est nécessaire d'avoir une formation la plus complète possible.
En jonglantentre leurs activités professionnelles et les activités du quotidien dont il est inutile de faire la liste... ils finissent par trouver quelque disponibilité pour amener l'enfant à ses activités.
Lorsque tout est organisé, ils l'annoncent à l'enfant, lui expliquant l'utilité de ces activités et combien il a de la chance de pouvoir en profiter !
L'enfant boude.
On refait le tour des activités possibles avec lui. Rien ne le branche.
Comme dans l'histoire de Monsieur Seguin (A.Daudet), quand il finit, exaspéré, par demander à sa chêvre qui n'était pas contente : "Alors, qu'est-ce-qu'il te faut, qu'est-ce-que tu veux ?"
Et elle de répondre :
-"Je veux aller dans la montagne..."
A cette question, l'enfant a une réponse :
-"J'aimerais jouer à ce que je veux".

Il ne faut surtout pas en déduire un quelconque jugement sur les activités. Elles sont très formatrices. D'ailleurs, les exemples ne vont pas toujours dans le même sens. Il est des enfants qui ont une boulimie d'activités qu'il faut calmer...
Ce n'est pas le sujet.

Le point commun entre lui, elle, eux : les parents, et l'enfant, est cette attitude de connaissance qu'ils ont envers leur proche. Ils ont une représentation de l'autre, ils savent comment il (ou elle) est. A partir de là, ils attendent d'eux ce qu'ils savent déjà.
On peut, effectivement, savoir les besoins de chacun, par exemple la nourriture, les soins... Mais sa demande fondamentale nous échappe. On s'aperçoit qu'on n'en a jamais fait le tour. La connaissance que nous avons de lui est très limitée.
Permettre à l'autre d'exprimer une demande implique une prise en compte de sa différence.

Pour celui qui demande, ce n'est pas plus facile. Nous l'avons vu dans l'exemple de l'enfant. Même adulte, nous pouvons nous enfermer dans la bouderie.
Les obstacles peuvent être extérieurs (demande étouffée), ou intérieurs à nous-mêmes.
Nous avons peut-être peur de recevoir un refus... ou de perdre un peu de notre image : se montrer tel que l'on est...
C'est évident, si nous sommes en demande, c'est qu'il nous manque quelque chose ! Et nous aimerions peut-être "n'avoir besoin de personne" !
Commentaires [Cacher commentaires/formulaire]