N.D de la Rouvière « Cultures » 
Un souffle coopératif au village

Fréquenter le numérique ?


L'accès au numérique, utiliser un ordinateur et naviguer sur le web, déjà inégalement réparti en ville, l'est plus encore en milieu rural. Evident pour un petit nombre, au fait des nouvelles technologies, ayant choisi assez rapidement de s'équiper et donc de se former, cet accès est plutôt limité, voire insignifiant pour d'autres.
L'outil reste la plupart du temps obscur et immaniable, au contraire d'une télévision ou d'un portable, sauf pour les plus jeunes... Encore faudrait-il préciser que la disposition d'un matériel, même récent, n'implique pas, loin s'en faut son usage, et encore moins son usage régulier..., comme le courrier électronique.
Ces différences sont liées aux catégories socio-économiques des individus (âge, niveau de revenu, capital culturel), mais d'autres raisons permettent de les comprendre. Les facteurs explicatifs seraient plutôt à rechercher du côté de l'isolement social des personnes et de l'absence de temps disponible à consacrer au numérique, qui concernent toutes les générations et toutes les classes sociales (cf. La fracture numérique de Pascal Plantard, 2011).

Une observation a été fréquemment faite dans notre village, lors de l'inventaire des foyers “connectés”: la femme est bien souvent en première place pour le numérique, car c'est elle qui consulte le web, encore elle qui utilise le courrier électronique. L'homme délègue une occupation qu'il considère sans doute comme “mineure”, parfois trop compliquée, et qu'il a de toutes façons des activités plus prenantes, à l'extérieur... Le même constat peut être fait chez des artisans qui “confient” la comptabilité, les taches administratives à leur femme... Il n'est alors pas tellement surprenant que le foyer ne compte qu'un seul courriel (email), en général au nom du mari, mais dont la femme dispose en toute indépendance puisque l'homme ne veut pas s'en mêler. Quand aux enfants, c'est une autre histoire.

Mais si les contraintes socio-culturelles sont bel et bien un obstacle à l'ouverture au numérique (lequel suppose une démarche d'apprentissage et d'appropriation d'un outil médiatique nouveau, qui demande du temps), inversement l'utilisation raisonnée du numérique, et notamment d'internet, permet cependant de s'affranchir progressivement de ces mêmes contraintes socio-culturelles. Internet libère des pesanteurs sociologiques (même s'il crée d'autres types de dépendance), mais ces mêmes pesanteurs empêchent jusqu'à un certain point d'accéder au numérique.
Reste donc à casser cette chaîne des causes et des effets. Notre wiki coopératif peut y contribuer... si chacun y met du sien (MichLang, 4 juin 2011)
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